Magazine  (19 Dec 1846)  Page(s) 204.  
 
Paeonia Moutan Libonii. Diese neue Varietát der baumartigen Påonie wurde von Hrn. Libon, Gärtner des Hrn. Armand Simonis zu Verviers, gewonnen und zwar im Jahre 1838 durch Befruchtung der Paeonia arborea mit P. papaveracea. Die Blumen sind stark gefüllt, so daß Morren 130 Blätter daran zählte, doch waren dabei noch 62 theils vollkommen erhaltene, theils zur Hälfte verwandelte Staubfåden übrig geblieben. Im Durchmesser maßen die Blumen eine große Spanne; ihre Blätter waren weiß, bloß am Nagel purpurviolett, die Theilungen am Ende liefen etwas spitz zu. Die Früchtchen waren behaart.

Translation:
Paeonia Moutan Libonii. This new variety of tree-like peony was obtained by Mr. Libon, gardener of Mr. Armand Simonis in Verviers, in 1838 by fertilizing the Paeonia arborea with P. papaveracea. The flowers are very full, so that Morren counted 130 leaves on them, but there were still 62 stamens left, some completely preserved and some half transformed. The flowers measured a wide hand span in diameter; Their petals were white, purple-violet only at the nail, the divisions at the end tapered somewhat to a point. The fruits were hairy.

Book  (1846)  Page(s) 119-120.  
 
Sur une variété de pivoine en arbre obtenue à Verviers.
MM. Marbaise, président de la société de Flore de Verviers, Demortier, vice-président, et David Lejeune, trésorier de la même institution, ont fait l'honneur à la rédaction des Annales de lui adresser, le 5 avril , une tige fleurie et une feuille d'une pivoine des plus remarquables et que le rédacteur eut dessinées lui-même , si la grandeur de la fleur et sa teinte
blanche n'eussent empêché que le dessin parut jamais avec avantage dans les Annales. Une description suppléera donc au dessin et comme nous certifions ici que cette variété a réellement un mérite supérieur, les amateurs de pivoines peuvent être assurés qu'ils feront une belle et bonne acquisition de plus en se procurant cette plante.
On sait généralement que toutes les pivoines en arbre ne constituent qu'une seule espèce botanique : c'est le Pœonia Moutan de Sims , caractérisé par sa tige fructiqueuse , son disque étendu en une urcéole membraneuse embrassant plus ou moins les carpelles. Ce disque est, comme on le sait encore, le torus, base commune des pétales et des étamines et c'est cet organe qui explique pourquoi et comment on a obtenu et on obtiendra encore tant et de si riches variétés de ces fleurs. C'est une loi de  métamorphose, rien de plus. Ce pœonia Moutan a les segments de ses
feuilles ovales-oblongs , glauques en dessous et les carpelles au nombre de cinq et velus.
Il suit de ce fait que rien au inonde ne saurait contester que toutes les variétés des Pœonia qu'on appelle en horticulture arborea et qui montent aujourd'hui au nombre de trente-cinq environ , ne sont pas des hybrides, mais seulement des bâtardises , des variations très légitimes d'une espèce donnée , mais ces variations n'en ont pas moins sous le rapport du commerce horticole de la valeur, puisque les unes se paient deux francs et les autres cent francs la plante.
Le pœonia papaveracea ne se distingue comme variété qu'à ses taches pourpre-violet de la base des pétales. Dans le Pœonia Banksii le pétale est pourpre au milieu et dans le Pœonia rosea tout le pétale est rose. La fissure du bord supérieur des pétales est encore un caractère (si caractère il y a) auquel on fait attention, cette fissure est obtuse dans le Banksii et très obtuse dans le rosea, mais qui peut tracer la limite du plus au moins?
Ces détails sont nécessaires à poser avant de discuter les caractères de la pivoine nouvelle de Verviers. Nous ne ferons plus qu'ajouter un fait important, c'est que le pœonia moutan, prototype de l'espèce, est originaire de la Chine.
.La pivoine de Verviers ayant été obtenue par M. Libon père, jardinier de M. Armand Simonis, nous croyons faire acte de justice en appelant cette variété;
Pæaeonia Moutan, var. Libonii.  Nous la caractérisons par cette phrase diagnostique:
Floribus subplenis, spithameis, segmentis albidis, maculastriata purpureo-violacea ungue et medio notatis, apicis fissuris subacutis, carpellis villosis, disco ad medium inclusis.
Pivoine Moutan de Libon.  Fleurs presque pleines, spithaminées, segments blancs, marqués d;une macule d'un pourpre violet s'étendant de l'onglet au milieu, fissures du sommet subaiguës, carpelles vélus, inclus jusqu'au milieu dans le disque.
Nous avons compté 130 pétales dans la corolle; les grands pétales mesuraient de 7 à 8 centimètres de longueur sur 5 ou 6 de largeur, au centre se trouvaient 62 étamines entières ou à demi métamorphosées, à filets violets et près des carpelles des staminodes réduits à l'état de lames pourpres.  Les carpelles offraient leur stigmates de la même couleur.
M. le vice-président Demortier a bien voulu nous donner les détails sur la fécondation dont cette plante a été le résultat.  Un pæonia arborea (donc moutan) a été fécondé en 1838 avec les pollens d'une pivoine papavéracée et de Chine (donc pæonia moutan var. papaveracea) et en 1839 les graines furent semées.  M. Libon fit l'opération de ce mariage conforme aux vœux de la nature, comme nous venons de la voir.
La fleur offrit donc la blancheur et la plénitude de la fameuse pivoine blanche cotée à 100 francs dans les catalogues, et de plus l'onglet violet de son père, le papaveracea.  Elle exhalait une délicieuse odeur de rose mélangée de ce parfum narcotique du pavot d'Orient et n'offrait que le malheur, commun aux roses et à la jeune fille chantée par Malherbe:
"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, 
L'espace d'un matin." Mn.